Changer de vie - quinte
Finalement, changer (de vie) n'est pas une sinécure. Entre nos peurs,
celles de nos proches, nos croyances et celles que nous leurs
attribuons, le temps à investir et les efforts à faire, il faut encore
un peu d'énergie pour monter le projet et le réaliser. Sans oublier que
la vie continue, que famille et emploi mangent temps et ressources...
Alors quoi, on y va ou pas ?
Malheureusement ce n'est pas encore si simple. Il reste un écueil, le plus gros... nous !
Pèle-mêle, vous avez le perfectionniste fonceur qui va tant fignoler
son projet et tellement essayer de tout contrôler qu'il ne sera jamais
satisfait et s'épuisera dans les détails. Son ami, le perfectionniste
lucide qui sait qu'il ne sert à rien de se lancer dans ce projet car il
n'arrivera jamais à la perfection et préfère ne rien faire que de faire
un truc nul. Un cousin, le perfectionniste masochiste qui va poser des
objectifs tellement inatteignables qu'il aura tout le loisir de se
flageller face à son échec. Vous avez aussi le rêveur pragmatique qui
sait que le bonheur est une légende agréable qui ne dispense pas de
ramer au quotidien, le guerrier utopiste qui s'attaque au bonheur des
autres sans oser regarder de trop près dans son propre jardin, le
résigné pour qui tout rate toujours alors à quoi bon, etc...
Peut-être vous êtes vous reconnu dans l'un ou l'autre de ces
personnages, voire dans des assemblages de certains. Rassurez-vous,
tout va bien. Si nous avons parfois / souvent / toujours tel ou tel
comportement, c'est parce par le passé nous avons trouvé qu'il était la
réponse la plus adéquate aux situations que nous vivions alors. Et une
fois ce schéma intégré, il se répète jusqu'à ce que l'on mette le doigt
dessus et qu'on s'interroge sur sa pertinence aujourd'hui.
Un ami qui voulait déménager m'a un jour fait part de la description de
l'appartement de ses rêves. Etant perfectionniste et ayant épousé une
perfectionniste, cet appartement était la synthèse de leurs projections
respectives de la perfection en matière d'appartement. Après plusieurs
dizaines de visites et autant de déceptions, ils ont opté pour un
appartement très correct mais qui ne remplissait pas tous les critères
exigés à l'origine et à ma grande surprise s'en sont montrés
satisfaits. Il m'a alors expliqué que suite à la réflexion agacée d'un
agent immobilier ils s'étaient interrogés sur ce qu'ils recherchaient.
Ensemble ils avaient alors repris les critères de choix et les avaient
classés en trois catégories : incontournables, souhaitables,
optionnels. Forcément, ça simplifie les affaires.
Cette expérience lui a permis de mesurer l'énergie perdue à chercher
l'introuvable alors qu'il avait de nombreuses autres possibilités de
choix tout à fait convenables. Cette prise de conscience l'a amené à
prendre en compte par la suite sa tendance à la perfection, et
désormais il module ses exigences et devient plus efficace dans ses
actions quotidiennes.
Cet exemple montre deux choses ; la première est que souvent sans
l'aide d'un tiers (l'agent immobilier ici) il n'est pas facile de
mettre le doigt sur un schéma tellement ancré qu'il nous est
indiscernable. La seconde est qu'une fois la prise de conscience faite,
la mise en œuvre du changement est possible.
Hier une cliente me demandait s'il était nécessaire d'être accompagné
par un professionnel pour changer. Je pense que la réponse sera le
thème du prochain article ici.
Passez un bon week-end ensoleillé !